lundi 20 avril 2009

Just Two Of Them



Chose promise, chose due, voici une petite interview de Miss Kittin & The Hacker. qui reviennent avec un deuxième album plutôt attendu, et qui tient plutôt bien la route. Come back sur le passé, le présent, et sans doute le futur.

Pouvez-vous revenir sur votre rencontre ?
T.H. : Dans cette boîte, à Grenoble, qui s’appelait « Factory ».
M.K. : Oui, une boîte dite « techno »… Puis on est allé dans notre première rave ensemble, à Aix les Bains, et c’est là où l’on s’est vraiment parlé. On ne se connaissait que de vue auparavant, on avait des potes en commun car on était parmi les premiers à aimer la techno.
T.H. : On a arrêté d’aller en boîte, et on allait en rave dans le sud de la France ensemble.
M.K. : On partageait les voitures… Il y a un noyau dur des premiers fans de la techno de Grenoble qui s’est formé à ce moment-là, il y a seize ans. Et l’on se voit toujours.

Et les débuts du duo ?
M.K. : Michel avait un groupe de harcore. Moi j’ai commencé à mixer, pas très sérieusement. J’ai des amis qui ont monté une agence de booking à Annecy, et, pour fêter le premier anniversaire de cette agence, ont demandé à tous les artistes de faire un morceau pour une compile. Ils m’ont prévenue trois jours avant. J’ai relevé le défi et j’ai appelé Michel, quoi était le seul à avoir du matos chez lui. On a squatté chez une amie enseignante, on a fait un premier morceau repéré par DJ Hell. Je suis partie en vacances chez David Carreta, qui était justement très proche de DJ Hell, il m’a demandé d’autres morceaux, et on a fait Franck Sinatra sur une cassette ! Il a tout pris, et il a fait un maxi avec ça. C’est là que tout a commencé. On s’est retrouvé à Munich un jour, dans un jardin, et on nous a demandé de faire des lives… Et Michel a dit oui.

Ce que vous n’aviez jamais fait…
M.K. : J’étais paniquée, car je n'avais jamais chanté ! Pendant cinq ans, on a écumé tous les clubs européens, à faire du live.
T.H. : On était dans un contexte très spécial, très club techno. Le vrai truc nouveau, c’était la chanteuse. On passait entre deux gros DJ de l’époque, on jouait à 4h du matin, et vu que notre musique n’était pas spécialement hard, il fallait une accroche
M.K. : Il fallait attirer l’attention, d’où la robe d’infirmière, etc. On est parti faire un live dans une boîte immense, un peu crade, à Berlin. J’ai chanté sur un cube très en hauteur, et j’en ai profité pour prendre des photos. Il y avait tous les têtes de la scène berlinoise, Hardwark et consorts…! Ensuite, on a fait les soirées Gigolos de la Love Parade. Mais ce n’est qu’en 2000 que ma France a compris nos productions et ont commencé à les apprécier. On nous reprochait que ce ne soit pas sérieux.
T.H. : On le faisait sérieusement, mais sans se prendre au sérieux !
M.K. : Beaucoup d’artistes, malheureusement, se prennent au sérieux sans faire les choses sérieusement.

Et avez-vous eu l’idée de réitérer l’expérience ?
M.K. : Cela correspond à une période où l’on est lassé de tout faire nous-mêmes, de voyager dans des conditions techniques épuisantes, cela nous gâchait le plaisir de faire des live. Le DJeing était une bonne alternative, on part avec sa petite valise de par le monde, il y a un confort et un amusement, mais qui s’est estompé au fur et à mesure. Avec l’âge, se cacher à 6h du mat tous les week-ends, passer sa vie en avion, ce n’est plus possible. On s’est donc interrogé au même moment: que fait-on maintenant ?
Et ce que l’on avait fait avant était une opportunité de se sortir du monde des clubs. Se sortir de cette angoisse ressentie par beaucoup de DJ qui ont peur de ne plus être rappelé, de rester chez eux le week-end. Cette prise de conscience commune nous a permis de nous rendre compte de la chance qu’on avait d’avoir cette complicité, ce passé, cette réputation, et de devenir enfin le groupe que l’on avait pas pu être à l’époque pour d’autres raisons. Ce n’est pas facile d’abandonner les paillettes du DJ, mais il fallait tenter l’aventure. Cela donné l’album. Ce n’est que le début, car l’album est le support pour les tournées, et nous donne l’opportunité de prouver ce qu’on sait faire en live.
T.H. : A la différence du premier où l’on a tout fait chez moi, le do it yourself basique, là on a tout fait à distance. Cela était le bon moment car Caroline est revenue de Berlin où elle s’était installée. Niveau communication, cela aide.

Pourquoi ce titre, Two ?
M.K. : J’ai eu un flash : on pouvait appeler la tournée « Two on Tour », on trouvait que ça sonnait super bien.
TH : Et voilà, cela parce que le duo, parce que c’est le deuxième album, et que cela rappelle le noir et blanc de la pochette, la dualité...

Comment réussir à rassembler toutes vos influences tout en les rendant digestes ?
T.H. : Cela est venu naturellement. Ce que l’on a fait chacun en solo nous a enrichi, nous a donné de l’assurance. Nos influences sont beaucoup mieux maîtrisées et digérées. Quelques disques nous ont aussi inspiré sur le moment.
M.K. : Notre premier album était une réaction contre le monde formaté de la techno, même si celle-ci nous a donné envie d’être libre. On savait qu’on ne pourrait pas faire aussi bien que nos héros. On a pris le contre-pied, ce qui a donné ce premier album. Aujourd’hui, les jeunes écoutent des DJ mais vont aussi en concert, le rock et l’électro sont très mélangés. C’est intéressant. Nous, on joue plus sur l’émotion, en subtilité, avec des voix et des textes qui, avec la maturité, renforcent le côté introspectif et émotionnel de notre musique. À 20 ans, on était trop énervé pour ça !
T.H. : Nos références, Jeff Mills, Laurent Garnier, etc, ont reconnu leurs propres influences comme l’italo dico ou les Liaisons Dangereuses, et se sont rendu compte qu’on ne voulait pas seulement copier nos héros de Detroit. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me défaire de cette influence, et que nous avons pu, à deux, faire quelque chose qui ressemblait qu’à nous.
M.K. : Contrairement à ce que les gens peuvent penser, notre plaisir est plus dans la composition que dans le service après vente, et nous faisons ce métier pour tout sauf pour les paillettes.
T.H. : On a fait quelques morceaux fin 2007, et le plus gros l’album s’est fait en 2008.

Meilleur souvenir sur cet album ?
M.K. : Quand on a recommencé à faire du live pour se remettre en jambe, la réaction des gens a été super positive, ils étaient plus marqué par les nouveaux morceaux que par les anciens. Nous avons aussi une super alchimie avec notre équipe, avec des gens talentueux qui ont tout plaqué pour nous suivre. Voir aussi que notre harmonie est toujours présente, et qu’on peut travailler à distance et se comprendre aussi bien.
T.H. : Quand j’ai trouvé l’instru de « 1000 Dreams », c’était par hasard, je l’ai composé hyper rapidement. Je l’ai envoyé à Caroline, et, quand elle me l’a renvoyé avec les voix, j’étais super heureux, je l’ai écouté 40 fois d’affilée !
M.K. Les gimmicks, les mélodies sont venues tout de suite, alors que j’étais à San Francisco pour le Nouvel An. Mais on se comprend si bien que les choses s’enchaînent facilement.

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